Les origines de l'approche émotivo-rationnelle L'initiateur de la psychothérapie émotivo-rationnelle (PÉR) est sans conteste Albert Ellis. Lui-même raconte (Ellis et Whiteley, 1979) comment il en est venu à formuler la PÉR en 1955, après avoir pris une certaine distance quant à sa formation de psychanalyste. Il déclare en être venu graduellement à considérer la psychanalyse classique comme désastreusement inefficace à cause du peu d’attention qu’elle porte aux sources cognitives des états perturbés, de l’importance exagérée qu’elle accorde, selon lui, aux événements passés de la vie du client et de son omission complète des méthodes de changement du comportement. C'est alors qu'il a donner naissance cette thérapie en constatant qu'il vivait certains problèmes personnels entre autres de la peur de prendre la parole en public. c'est alors qu'il a procédé à une désensibilisation en passant à l'action et parler en public devant ses confrères tout en confrontant ses idées déraisonnables. Parmi les sources dont Ellis s’est inspiré dans l’élaboration de la PÉR, nous retrouvons d’abord les stoïciens antiques, Épictète et Marc-Aurèle suivis par les philosophes Spinoza, Érasme, Voltaire, Schopenhauer et d’autres auteurs plus récents. Il reconnaît aussi une parenté de pensée avec des praticiens comme Karen Horney (1965) qui, elle aussi, était arrivée à préciser de quelle manière les humains se torturent eux-mêmes avec des « il faut ».
En 1958, il écrit " Rational Psychotherapy ", un premier article. Puis, en 1962, Reason and Emotion in Psychotherapy fut son premier livre vraiment substantiel où les principes et la pratique de la PÉR sont exposés en détail.
Dès le début, la PÉR se présente comme une méthode active et directive et elle a eu opposition marquée de la part de plusieurs, si non la majorité des principaux théoriciens des années 50. Cette approche était selon eux, une méthode trop directe, trop active et trop intellectuelle. De leur côté, les thérapeutes d’orientation existentielle telle que développée par Irvin Yalom, la trouvaient trop axée sur l’intellect et pas assez centrée sur l’exploration des émotions. Quant aux béhavioristes, surtout ceux de l’école de Skinner et de Wolpe, reprochaient à cette approche de trop s’intéresser aux contenus cognitifs plutôt que travailler sur les comportements extérieurement observables.
Malgré l'importance reconnue par plusieurs auteurs sur la déterminante des cognitions (interprétations, pensées, croyances) dans la création de l’émotion et sa capacité d'engendrer l’action, il n'en reste pas moins que depuis ses débuts, l'approche a été perçue plutôt négativement par les professionnels du milieu et par la population en générale. Selon nous, ils croyaient à tort, que la psychothérapie émotivo-rationnelle était une façon de rationaliser, justifier ou intellectualiser les émotions ressenties. Bien au contraire, les enseignements d'Éllis, loin de rationaliser les émotions, elles les invitent à développer leur sens du raisonnable, leur sens critique afin de distinguer le déraisonnable du raisonnable, le vrai du faux qui impact les réactions émotionnelles et comportementales.
Pendant les années 60, Aaron T. Beck(1967-1976) arrive à la même conclusion que la dépression résulte en grande partie de manières de penser erronées et élabore une forme de thérapie qui ressemble de près à la PÉR. À la suite d’Ellis et de Beck, il y a les théories de Georges Kelly (1955), un groupe important de praticiens et de théoriciens élabore une forme de thérapie cognitivo behaviorale (cognito-behavior therapy) qui compte actuellement parmi les mouvements les plus importants dans le domaine de la psychothérapie.
La psychothérapie émotivo-rationnelle (PÉR) fut introduite au Québec vers le milieu des années 70 par le psychologue et auteur prolifique bien connu, Lucien Auger, Ph.D, qui l'a alors traduit sous le nom de Démarche Émotivo-Rationnelle (DÉR) ou encore Psychothérapie Émotivo-Rationnelle (PÉR). En fait, pour être fidèle à la pensée d'Albert Ellis, il aurait été préférable de traduirele mot " rational " par raisonnable plutôt que par rationnel, ce qui aurait probablement aidé à une vision plus positive de cette approche.
La psychothérapie émotivo-rationnelle (PÉR) a connue une croissance importante dans les milieux américains et se classe aujourd’hui parmi les formes les plus utilisées de contact aidant. Au fil des ans, tant aux États-Unis, en Grande-Bretagne qu’ailleurs dans le monde, ces approches ont fait l’objet de plusieurs recherches scientifiques qui ont démontré sa grande efficacité. Ainsi, les TCC ont donné des résultats probants en matière de traitement de pathologies comme l’anorexie et la boulimie, les troubles anxieux, les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), la dépendance affective, ainsi que les dépendances à l’alcool, aux drogues, au jeu et au magasinage. Son application a permis à des centaines de milliers de personnes de prendre en main leur vie pour recouvrer leur autonomie affective et émotive, s’épanouir et ainsi mener une vie plus équilibrée et plus heureuse.
C'est dans les années 1990, qu'Estelle Borgia a fait un apport significatif à l’AÉR en créant la technique de Détente et Introspection. Cette technique est offerte enCD Détente et introspectionou en téléchagement. Cette technique est inspirée de principes stoïciens d’accueil des émotions et par ses expériences d’animations d’ateliers de groupe lors de fins de semaine intensives au centre CAFAT. C’est à partir de 1997, que l’enseignement de l’AÉR par les sœurs Borgia fut axé sur l'accueil, la reconnaissance, l'acceptation, la verbalisation des émotions vécues que sur le changement des cognitions qui a pour but d'entraîner des comportements plus favorables à l'atteinte des objectifs, mieux comprendre notre monde émotif et finalement réduire l'intensité, la durée et la fréquence des émotions désagréables. Rappelons que l’AÉR fait partie de la gamme des approches brèves et semi directives, faisant partie de la lignée des approches béhaviorale dites cognitive-compotementales qui cette capacité de raisonner est un outil indispensable pour le développement de l'intelligence émotionnelle. (www.cfpperq.com 2006)